Le développement du E-commerce au Burundi : opportunités et défis

Depuis quelques années, le Burundi voit émerger des plateformes locales de commerce électronique (e-commerce) et des plateformes de paiement en ligne, telles que Ihera Ryanje, la plus connue, ainsi que d’autres comme Esoko. Ces initiatives visent à dynamiser le e-commerce burundais. Cependant, cette nouvelle forme de commerce rencontre de nombreux obstacles au niveau local, bien que son importance soit indéniable face aux tendances mondiales et aux initiatives régionales comme la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF) pour le commerce transfrontalier.

Un moment propice pour le E-commerce

La question se pose : n’est-ce pas le moment idéal pour tirer davantage parti de cette nouvelle forme de commerce, au lieu de se concentrer uniquement sur le commerce transfrontalier physique ? En 2024, le taux de pénétration du e-commerce mondial est prévu à 29,9 %, tandis que, selon Statista, ce taux est attendu à seulement 4,1 % au Burundi. Ce chiffre relativement bas s’explique par l’absence quasi-totale de grands opérateurs locaux ou internationaux dans ce secteur.

Analyse microéconomique et macroéconomique

Sur le plan microéconomique, pour un petit commerçant, posséder une boutique en ligne peut sembler être une stratégie commerciale avantageuse. En effet, les produits ou services de ce commerçant sont ainsi exposés à une audience beaucoup plus large, augmentant les possibilités d’expansion sans nécessiter de ressources importantes.

Sur le plan macroéconomique, si le e-commerce était adopté à grande échelle, il pourrait potentiellement dynamiser l’économie nationale. L’élargissement du marché intérieur grâce au e-commerce permettrait une meilleure circulation des biens et services, stimulant ainsi la croissance économique.

Obstacles à l’adoption générale du E-commerce

Plusieurs obstacles freinent l’adoption généralisée du e-commerce au Burundi. Parmi les plus significatifs, on note :

– Faible connexion internet : La qualité et la disponibilité de la connexion internet restent limitées.
– Taux de pénétration internet très faible : Peu de Burundais ont accès à Internet, ce qui réduit le nombre potentiel de clients en ligne.
– Infrastructures inadéquates : Les infrastructures nécessaires au développement du e-commerce, telles que les réseaux de distribution et de logistique, sont insuffisantes.
– Faible pouvoir d’achat : Le niveau de vie et le pouvoir d’achat des Burundais restent bas, limitant ainsi leur capacité à participer activement au commerce en ligne.
– Accès limité aux devises internationales : Les investisseurs, producteurs et consommateurs ont souvent du mal à accéder aux devises nécessaires pour les transactions internationales.

Suggestions pour booster le E-commerce au Burundi

Pour surmonter ces obstacles, plusieurs actions peuvent être envisagées :

1. Amélioration des infrastructures numériques : Investir dans l’extension et l’amélioration de la couverture et de la qualité de l’internet.
2. Renforcement du pouvoir d’achat : Mettre en œuvre des politiques économiques visant à augmenter le pouvoir d’achat des citoyens.
3. Facilitation de l’accès aux devises : Simplifier les processus d’accès aux devises pour les transactions internationales.
4. Incitations pour les opérateurs : Offrir des incitations fiscales et autres aux entreprises locales et internationales pour les encourager à investir dans le e-commerce au Burundi.

Conclusion

Le e-commerce représente une opportunité majeure pour l’économie burundaise. En surmontant les obstacles actuels, le Burundi pourrait non seulement stimuler son économie locale, mais aussi s’intégrer plus efficacement dans l’économie mondiale. Il est crucial que les décideurs politiques, les entrepreneurs et les acteurs du secteur collaborent pour créer un environnement propice au développement du e-commerce.

Par Barakana Guy-Eudes 

Fracture numérique entre hommes et femmes au Burundi : analyse et propositions de solutions.

Dans notre société contemporaine, où les compétences numériques sont devenues indispensables, que l’on vive en milieu urbain ou rural, il est crucial que chacun ait accès aux moyens nécessaires pour les acquérir. Selon les estimations de la Société financière internationale (IFC), d’ici 2030, 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne exigeront des compétences numériques, et près de 65 % des emplois créés dans les entreprises africaines nécessiteront au minimum des compétences numériques de base.

Malgré l’importance croissante de la maîtrise du numérique pour la communication, la recherche d’opportunités professionnelles, l’accès à des bourses d’études, le développement des affaires et la connectivité mondiale, la fracture numérique persiste. Au Burundi et dans de nombreux autres pays africains, l’acquisition de ces compétences tend à être un privilège. Même parmi ceux qui ont accès à ces ressources, une disparité subsiste entre les sexes.

Selon une étude de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), les femmes des pays en développement, tels que le Burundi, ont 8 % de chances en moins de posséder un téléphone par rapport aux hommes, et cette disparité atteint 21 % dans l’utilisation d’internet sur mobile.

Cette inégalité découle de divers facteurs, notamment des stéréotypes discriminatoires, le manque de moyens financiers, car de nombreuses femmes ne sont pas financièrement indépendantes, ainsi que le manque de formation dans le domaine du numérique. Sans la contribution des femmes, qui représentent une part importante de la population burundaise, l’économie du Burundi risque d’être sérieusement impactée.

En ce mois de mars 2024, dédié aux femmes et aux filles, le monde célèbre les progrès réalisés dans la réduction des inégalités hommes-femmes. Toutefois, dans certains secteurs comme le numérique, cet objectif semble encore loin d’être atteint. C’est pourquoi, chez Freeti, nous sommes conscients et convaincus que les filles ont besoin d’un soutien renforcé pour surmonter les défis socio-économiques et les stéréotypes qui limitent leur accès aux outils numériques et aux compétences essentielles au quotidien. Après tout, internet est un bien commun accessible à tous.

Et ce qui donne l’espoir c’est que lors de la célébration de la journée internationale des filles dans les TICs, madame la ministre des télécommunications et des médias Leocadie Ndacayisaba avait promis qu’une attention particulière sera accordée à la réduction de la fracture numérique, en veillant à ce que les communautés rurales du Burundi, les femmes et les filles, ainsi que les groupes vulnérables, qui sont actuellement confrontés à des obstacles plus importants à l’accès aux TIC, soient connectés. Mais ce qui est loin d’être facile pour remédier à ça. D’où Freeti propose quelques suggestions : 

Il faudra Encourager des partenariats public-privé : Il est essentiel que le gouvernement facilite les collaborations entre les entreprises privées et les institutions publiques pour mettre en place des programmes de formation aux compétences numériques, en mettant un accent particulier sur l’inclusion des femmes et des filles. Ces collaborations peuvent être soutenues par des incitations fiscales pour les entreprises qui s’engagent dans de telles initiatives.

Enfin, qu’il ait la création d’incitations pour les entreprises : Le gouvernement devrait également envisager d’offrir des incitations financières ou des subventions aux entreprises qui adoptent des politiques internes visant à garantir un accès équitable aux compétences numériques, en particulier pour les femmes. Cela pourrait inclure des crédits d’impôt pour les dépenses liées à la formation numérique ou des subventions pour l’achat d’équipements informatiques destinés à soutenir ces programmes de formation.

Par Barakana Guy-Eudès 

Trezor Academy Burundi: Navigating the bitcoin landscape through enlightening meetups

In the heart of Bujumbura at Hotel Martha, Trezor Academy Burundi orchestrated a series of dynamic sessions on October 28th, November 4th, and November 11th. This marked the commencement of a transformative initiative – the Trezor Academy program. These weekly gatherings became a vibrant hub for young Burundians, engaging them in profound discussions about the present and future landscape of financial systems.

The journey kicked off by addressing fundamental questions during the initial meetup: “Why Bitcoin?” From there, participants, ranging from seasoned enthusiasts to beginners, delved into practical insights on “How to use Bitcoin?” and culminated with reflections on “What Bitcoiners should do?” Together, they navigated the captivating world of cryptocurrency.

Insights from Austrian Economists

Guided by the wisdom of Austrian economists Ludwig Von Mises and Friedrich Hayek, discussions unraveled the unintended consequences of government interventions in human institutions. This exploration exposed unforeseen outcomes, leading to a profound realization—the market system stands as the sole viable framework for a prosperous and civilized society.

Navigating historical challenges such as poverty, hunger, and war, discussions further ventured into the realm of monetary policy. The concept emerged that sound money originates beyond state control, prompting participants to reflect on the profound significance of Bitcoin.

To encapsulate this enlightening journey, a poignant quote from Josef Tetek’s book, “Bitcoin: Separation of Money and State,” was shared: “State money is the last great tool of the State for controlling society.”

Participant Testimonials

Participants echoed the impact of the program through heartfelt testimonials. Gratitude was expressed for the insightful presentations, emphasizing the practical aspect of learning to use Bitcoin and the efficiency experienced on the Lightning Network. Trezor Academy Burundi received commendation for the transformative Bitcoin program, with participants highlighting how the presentations elevated their understanding of cryptocurrency.

Certification of Success

The success of Trezor Academy’s program is not only measured in insights gained but also in tangible achievements. Twenty-five participants successfully completed the program and received certification. These certified individuals are now committed to sharing the knowledge they acquired within their campuses, and communities, fostering a broader understanding of Bitcoin and its implications.

Practical Confidence in Bitcoin

Beyond being informative, the sessions instilled practical confidence in navigating the Bitcoin landscape. Participants expressed thanks for the valuable insights gained, reinforcing the tangible impact of the Trezor Academy program.

As Trezor Academy Burundi continues to empower individuals with knowledge and practical skills in the realm of cryptocurrency, testimonials from individuals like Patrick Nzoyihera and Mahoro Queen Vanilla resonate. These voices underscore the significance of initiatives like Trezor Academy in shaping the future of finance and empowering individuals to navigate the evolving landscape of digital currencies. The journey continues, bridging minds and uncovering the potential within the world of Bitcoin.

By Barakana Guy-Eudes

Quand le quasi-monopole étouffe le secteur des télécommunications au Burundi

Dans notre article intitulé “Secteur en plein croissance, mais hanté par les impôts : qu’en dit un esprit libéral ? Cas de l’Econet Léo” (https://bit.ly/3PkE96t), il était souligné que le secteur des télécommunications au Burundi est en pleine croissance, mais entravé par des problèmes fiscaux. L’article concluait en exhortant le gouvernement à créer un climat favorable aux affaires pour attirer davantage d’investisseurs. Cependant, un obstacle majeur à cette croissance s’avère être le quasi-monopole détenu par une société.

L’absence de concurrence dans le secteur a conduit à une situation où la qualité des services est médiocre, sans alternatives. Pratiquement tout le secteur est dominé par un seul opérateur, créant ainsi un quasi-monopole. Cette concentration du pouvoir a des conséquences négatives sur la qualité et l’accessibilité des services de télécommunications.

Un ralentissement inexplicable de l’Internet au Burundi a suscité des préoccupations parmi les citoyens. Selon les données recueillies par le site pulse.internetsociety.org, plusieurs facteurs influencent la performance de la connexion Internet dans un pays ou une région. Ces facteurs comprennent l’infrastructure, la sécurité, la performance et l’adéquation du marché.

En analysant la situation actuelle au Burundi à la lumière de ces facteurs, il est évident que le problème réside principalement dans le quasi-monopole détenu par la Société Viettel. Un rapport de l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications pour l’exercice 2021-2022 indique clairement que la société Viettel domine le secteur. Elle contrôle un réseau de fibres optiques s’étendant sur 3400 km, tandis que ses principaux concurrents, BBS Burundi et le réseau métropolitain de l’ONATEL, ne couvrent respectivement que 1750 km et 350 km.

Le même rapport révèle que la couverture des réseaux 4G des opérateurs de télécommunications à l’échelle nationale est inégalement répartie. Géographiquement, Viettel couvre 15,6 % de l’ensemble du territoire, tandis que d’autres concurrents tels qu’Econet-Leo et l’ONATEL ne couvrent que respectivement 4 % et 3,6 %.

Cette inégalité dans la répartition géographique et l’absence de concurrence ont des répercussions négatives sur la qualité des services offerts aux citoyens. Pour favoriser une croissance continue et une meilleure qualité des services de télécommunications, il est essentiel que le gouvernement du Burundi prenne des mesures pour encourager la concurrence et réduire le quasi-monopole actuel. La diversification des acteurs du marché et la création d’un environnement favorable à l’investissement pour de nouveaux concurrents pourraient stimuler l’innovation, améliorer la qualité des services et offrir aux citoyens un accès à Internet plus rapide et plus fiable.

Par BARAKANA GUY-EUDES

Les conséquences de l’acquittement unanime d’Ola Bini par un tribunal équatorien.

Le développeur de logiciels libres et expert en sécurité informatique suédois Ola Bini a été déclaré innocent dans un verdict unanime par un tribunal de trois juges en Équateur, la Cour des garanties pénales de Pichincha. Après presque quatre ans de poursuites pénales entachées d’ irrégularités, de retards et de violations de la légalité, son droit à un procès équitable a finalement prévalu. EFF , Access Now , APC , Fundación Karisma et d’autres groupes numériques et de défense des droits de l’homme qui ont suivi l’ affaire célèbrent la décision.

Mais plus d’un mois après la décision, nous continuons de voir à nouveau le schéma des retards entourant l’affaire. La sentence orale prononcée lors de l’audience de janvier n’a pas encore été publiée sous forme écrite et les mesures conservatoires à l’encontre de Bini restent en vigueur. Malgré son acquittement, l’expert en sécurité ne peut toujours pas quitter l’Équateur, utiliser ses comptes bancaires ou récupérer l’un de plusieurs de ses appareils saisis en 2019. Entre-temps, le bureau du procureur et la Société nationale des télécommunications (CNT) de l’Équateur ont déjà montré leur intention de faire appel une fois qu’ils auront reçu la notification formelle de la peine.

Bini lui-même a souligné la nature pionnière de la décision. Il a déclaré que c’était la première fois qu’un tribunal équatorien analysait la question de l’accès à un système informatique et, plus important encore, qu’il refusait de donner une interprétation large de l’accès non autorisé qui mettrait gravement en danger le travail bénéfique des chercheurs en sécurité et le rôle vital qu’ils jouent pour notre vie privée et notre sécurité dans les systèmes d’information.

Le tribunal n’a pas craqué pour les affirmations erronées du procureur selon lesquelles la simple connexion à un serveur qui demande un nom d’utilisateur pourrait entraîner un accès sans autorisation à un tel système. À l’inverse, le tribunal de trois juges a convenu à l’unanimité qu’il n’y avait aucune preuve qu’Ola Bini avait commis un crime.

Faits saillants de l’audience qui a reconnu l’innocence d’Ola Bini

Lorsque l’audience du procès a commencé le 31 janvier, la défense avait encore des preuves à présenter et le tribunal devait encore entendre le témoignage de Bini et les plaidoiries finales des parties. On craignait qu’un jour ne suffise pas pour conclure le procès. Centro de Autonomía Digital , l’ONG cofondée par Ola Bini, a dû supporter les frais d’amener un traducteur suédois-espagnol de Suède en Équateur car il n’y avait pas de traducteur expert que le tribunal pouvait désigner bien que ce soit un droit garanti par la loi équatorienne pour les prévenus étrangers.

Le témoignage d’Ola Bini a duré cinq heures. Il s’est souvenu de sa terreur le jour de son arrestation à l’aéroport de Quito. Après des heures de détention sans réelle explication des accusations portées contre lui, il n’a pu savoir ce qui se passait que lorsqu’il a eu la chance de regarder les informations sur une chaîne de télévision le dépeignant comme un criminel essayant de déstabiliser le pays. Cette arrestation a ensuite été déclarée illégale et arbitraire dans une décision d’habeas corpus qui a libéré Bini après 70 jours de prison.

L’INREDH et l’ODJE , des organisations équatoriennes de défense des droits de l’homme qui se joignent à la mission de la société civile surveillant le cas d’Ola Bini, ont suivi l’audience sur place et ont rendu compte de ses développements. L’INREDH a souligné que le procureur, Fabián Chavez, a affirmé que l’expert en sécurité avait accédé à un système contenant des données de la présidence équatorienne, arguant que cela constituait le crime d’accès non autorisé conformément au Code pénal équatorien. À son tour, “la défense d’Ola Bini a souligné qu’il s’agissait d’une affaire politique et d’un abus du pouvoir punitif de l’État, comme en témoignent les antécédents de violations des droits fondamentaux de Bini tout au long de la procédure pénale”.

La principale preuve présentée par le bureau du procureur et l’avocat du CNT pour étayer l’accusation d’accès non autorisé à un système informatique était une image imprimée d’une session telnet qui aurait été prise à partir du téléphone portable de Bini. L’image montre l’utilisateur demandant une connexion telnet à un serveur ouvert à l’aide de la ligne de commande de son ordinateur. Le serveur ouvert avertit que l’accès non autorisé est interdit et demande un nom d’utilisateur. Aucun nom d’utilisateur n’est entré. La connexion expire alors et se ferme.

Des témoins experts des deux côtés (accusation et défense) ont convenu lors de l’ audience précédente qu’une telle image ne prouvait pas l’accusation d’accès non autorisé. Alors qu’en général une image ne devrait pas être considérée comme une preuve technique d’une intrusion dans un système informatique, l’image présentée dans le cas de Bini démontre en réalité qu’aucune action illicite n’a eu lieu.

En évaluant les preuves présentées, le tribunal a conclu que le bureau du procureur et la CNT n’avaient pas réussi à démontrer qu’un crime avait été commis. Il n’y avait aucune preuve qu’un accès non autorisé ait jamais eu lieu, ni quoi que ce soit pour étayer l’intention malveillante que l’article 234 du Code pénal équatorien exige pour caractériser l’infraction d’accès non autorisé. Selon l’INREDH, le tribunal a souligné le manque de pertinence de ce que le procureur et le CNT ont présenté comme preuves. Dans ses plaidoiries finales, le procureur a tenté de recadrer l’accusation comme un accès non autorisé à un système de télécommunication (au lieu d’un système informatique), mais cela n’a pas changé la conclusion du tribunal.

Les juges ont également rejeté de nombreux éléments circonstanciels et sans rapport, tels que les factures Internet d’Ola Bini et les visites de Julian Assange à l’ambassade de l’Équateur à Londres. Ils ont également ignoré l’ affirmation scandaleuse selon laquelle l’utilisation de Tor est en soi une indication de conduite criminelle – bien que le tribunal ait raté l’occasion de reconnaître le rôle vital des applications cryptées pour protéger la vie privée, la sécurité et une myriade de droits de l’homme, comme le rapporte spécial de l’ONU pour la liberté d’expression souligné dans un rapport de 2015 sur le cryptage et l’anonymat.

Une peine à exécuter

La « panique des hackers » et les malentendus technologiques ont souvent conduit les autorités à interpréter largement la législation sur la cybercriminalité pour persécuter et punir injustement les experts en sécurité et les militants. Ce sont les principaux piliers qui sous-tendent le dossier que le parquet équatorien et le CNT ont construit contre Ola Bini dans le cadre d’une poursuite marquée par des intérêts et une influence politiques. Mais la Cour des garanties pénales de Pichincha ne l’a pas laissé passer et a affirmé son rôle dans la garantie de la justice et d’une procédure régulière.

Nous espérons maintenant que le tribunal ne tardera pas à publier la sentence et lèvera les mesures conservatoires limitant encore les droits fondamentaux de Bini. Nous espérons également que le système judiciaire équatorien, face à un appel, renforcera la décision du tribunal de Pichincha et l’innocence d’Ola Bini.

PAR VERIDIANA ALIMONTI

Cet article a été publié en partenariat avec EFF

Les données ouvertes et la boîte noire de l’IA

L’intelligence artificielle (IA) fait la une des journaux avec de nouveaux outils comme ChatGPT et DALL-E 2 , mais elle est déjà là et a des impacts majeurs sur nos vies. De plus en plus, nous voyons les forces de l’ordre, les soins médicaux, les écoles et les lieux de travail se tourner tous vers la boîte noire de l’IA pour prendre des décisions qui changent la vie – une tendance que nous devrions défier à chaque tournant.

Les vastes ensembles de données souvent secrets derrière cette technologie, utilisés pour former l’IA avec l’apprentissage automatique, viennent avec des bagages. Les données recueillies par la surveillance et l’exploitation refléteront les biais systémiques et seront « apprises » au cours du processus. Dans leur pire forme, les mots à la mode de l’IA et de l’apprentissage automatique sont utilisés pour “nettoyer la technologie” de ce biais, permettant aux puissants de renforcer les pratiques oppressives derrière la supposée objectivité du code.

Il est temps de casser ces boîtes noires. L’adoption d’ensembles de données ouvertes maintenus en collaboration dans le développement de l’IA serait non seulement une aubaine pour la transparence et la responsabilité de ces outils, mais permettrait également aux sujets potentiels de créer leurs propres travaux et recherches innovants et stimulants. Nous devons récupérer ces données et exploiter le pouvoir d’une science démocratique et ouverte pour construire de meilleurs outils et un monde meilleur.

Garbage in, Gospel out

L’apprentissage automatique est un outil puissant, et il existe de nombreux cas d’utilisation impressionnants : comme la recherche de signes de vie sur Mars ou la création d’anticorps synthétiques . Mais à la base, ces algorithmes ne sont aussi “intelligents” que les données qu’ils reçoivent. Vous connaissez le dicton : « Garbage in, garbage out ». L’apprentissage automatique s’appuie en fin de compte sur les données de formation pour apprendre à faire de bonnes suppositions, dont la logique est généralement inconnue même des développeurs. Mais même les meilleures suppositions ne doivent pas être prises comme parole d’évangile.

Les choses tournent mal lorsque cette logique voilée est utilisée pour prendre des décisions qui changent la vie. Considérez l’ impact des outils de police prédictive , qui reposent sur des données notoirement inexactes et biaisées sur la criminalité . Cette recherche de «crimes futurs» activée par l’IA est un parfait exemple de la façon dont ce nouvel outil transforme les données policières biaisées en une police biaisée, avec des algorithmes mettant l’accent sur les quartiers déjà sur-policés. Cette prophétie auto-réalisatrice est même déployée pour prédire la criminalité par la forme de votre visage . Ensuite, lors de la détermination de la caution en espèces , un autre algorithme peut fixer le prix en utilisant des données criblées des mêmes biais racistes et classistes.

Heureusement, les lois sur la transparence permettent aux chercheurs d’identifier et d’attirer l’attention sur ces problèmes. Les données sur la criminalité, verrues et tout, sont souvent mises à la disposition du public. Cette même transparence n’est pas attendue des acteurs privés comme votre employeur , votre propriétaire ou votre école .

La réponse n’est pas simplement de rendre toutes ces données publiques. Certaines IA sont formées sur des informations légitimement sensibles, même si elles sont accessibles au public . Ce sont des actifs toxiques provenant d’un mélange de surveillance et de divulgations de données forcées. La préparation de ces données est elle-même douteuse, reposant souvent sur des armées de travailleurs hautement exploités sans aucun moyen de signaler les problèmes liés aux données ou à leur traitement. Et malgré de nombreuses affirmations de “sauce secrète”, l’anonymisation de ces grands ensembles de données est très difficile et peut-être même impossible , et les impacts d’une violation auraient un impact disproportionné sur les personnes suivies et exploitées pour le produire.

Au lieu de cela, adopter des ensembles de données ouvertes maintenus en collaboration permettrait aux scientifiques des données, qui sont déjà des experts des questions de transparence et de confidentialité relatives aux données, de les maintenir de manière plus éthique. En mutualisant les ressources de cette manière, une collecte de données consensuelle et transparente aiderait à remédier à ces biais, mais libérerait le potentiel créatif de la science ouverte pour l’avenir de l’IA.

Un avenir ouvert et stimulant de l’IA

Comme nous le voyons ailleurs dans Open Access , cette suppression des barrières et des paywalls aide les personnes disposant de moins de ressources à accéder et à développer une expertise. Le résultat pourrait être un écosystème où l’IA ne sert pas seulement les nantis aux démunis, mais dans lequel tout le monde peut bénéficier du développement de ces outils.

Les logiciels Open Source ont depuis longtemps prouvé la puissance de la mutualisation des ressources et de l’expérimentation collective. Il en va de même pour les données ouvertes – rendre les données librement accessibles peut identifier les lacunes et permettre aux gens de s’appuyer sur le travail des autres de manière plus démocratique. Des données délibérément biaisées (ou « empoisonnement des données ») sont possibles et ce comportement contraire à l’éthique se produit déjà dans des systèmes moins transparents et est plus difficile à détecter. Bien qu’une évolution vers l’utilisation des données ouvertes dans le développement de l’IA aiderait à atténuer les préjugés et les fausses affirmations, ce n’est pas une panacée ; même des outils nuisibles et secrets peuvent être construits avec de bonnes données.

Mais un système ouvert pour le développement de l’IA, des données au code en passant par la publication, peut apporter de nombreux avantages humanitaires, comme l’utilisation de l’IA dans la recherche médicale vitale . La capacité de remixer et de collaborer rapidement à la recherche médicale peut dynamiser le processus de recherche et découvrir des découvertes manquées dans les données. Le résultat? Outils de diagnostic médical et de traitements vitaux pour tous les peuples, atténuant les préjugés raciaux , sexistes et autres dans la recherche médicale.

Les données ouvertes font que les données fonctionnent pour les gens. Bien que l’expertise et les ressources nécessaires à l’apprentissage automatique restent un obstacle pour de nombreuses personnes, des projets participatifs comme Open Oversight permettent déjà aux communautés de fournir des informations sur la visibilité et la transparence des forces de l’ordre. Être capable de collecter, d’utiliser et de remixer des données pour créer leurs propres outils amène la recherche sur l’IA des tours d’ivoire dans les rues et brise les déséquilibres de pouvoir oppressifs.

Les données ouvertes ne consistent pas seulement à rendre les données accessibles. Il s’agit d’embrasser les perspectives et la créativité de tous pour jeter les bases d’une société plus équitable et plus juste. Il s’agit de mettre fin à la collecte de données d’exploitation et de s’assurer que tout le monde bénéficie de l’avenir de l’IA.

PAR RORY MIR ET MOLLY DE BLANC

Cet article a été publié en partenariat avec EFF